Aller chercher l’inspiration dehors

Presented by Florence Rivest
7 min
Text by:
  • Florence Rivest
Photos by:
  • Magalie Massey
  • Samantha Ste-Marie
Presented by Florence Rivest

Erre, c’est mon projet d’amour à moi, Florence Rivest, illustratrice et artiste. C’est la collision de deux de mes plus grandes passions : j’ai nommé l’art et le plein air. Sous la forme d’ateliers dans des parcs urbains, d’expéditions en nature ou même de week-ends en refuge, c’est un beau prétexte pour s’arrêter un peu et reprendre son souffle (créatif) en regardant la beauté qui se trouve tout autour.

Parce que le monde du outdoor et celui de l’art peuvent sembler difficiles d’accès et/ou réservés à un certain type de personne, mon objectif est d’amener qui le veut bien dans un espace ou iel sera encouragé.e à s’amuser, sans pression de performance. Les ateliers couvrent différents médiums et sujets, mais l’objectif reste le même : créer dans le plaisir et apprécier la chance que nous avons de vivre sur un aussi beau territoire qu’est le Québec.

Tracer des lignes de fuite

Le dessin a toujours été, pour moi, une façon d’ancrer mon expérience vécue, d’à la fois documenter ma vie, mais aussi d’acquérir de la perspective par rapport à celle-ci. À force de lignes, je trouve que l’on arrive à une meilleure appréciation de ce qui nous entoure; que le résultat soit objectivement réussi ou pas.

À ce jour, mes carnets de croquis me replongent dans mes souvenirs plus efficacement que le feraient des photos, me rappelant mon état d’esprit d’alors, comme une espèce de capsule temporelle.

Florence

Bizarrement, la nature n’avait jamais été mon sujet de prédilection avant l’été 2015. Il m’a fallu une saison à travailler sur île au milieu du Saint-Laurent, avec le minimum légal de distractions disponibles et le moral au plus bas, pour m’y mettre sérieusement. Et ça va sembler quétaine à mort, mais cette pratique m’a un p’tit peu guérie. C’est comme si, pour bien dessiner la nature qui t’entoure, tu devais sortir de ton scaphandre de pensées pour voir plus loin, pour apprécier. Peu importe l’état dans lequel tu es, si tu te concentres assez sur ce qui t’entoure, tu vas y trouver de l’espace mental. Et à partir de ce moment-là, c’est devenu un outil précieux dans mon arsenal, une façon d’apprécier encore plus mes sorties en nature ou juste de me recentrer un peu quand tout va trop vite.

Plein air ­< plein air

Dessiner en nature, l’idée n’est pas nouvelle non plus. Mais elle a tellement de sens quand on y pense : dessiner directement devant ta source d’inspiration, puiser tes couleurs à la source et découvrir des formes nouvelles seulement qu’en OBSERVANT.

Pour un artiste chevronné comme pour un peintre du dimanche, se rapprocher du sujet est selon moi toujours une bonne idée.

Florence

On commence tout.es par une esquisse

Parlons-en d’ailleurs de se rapprocher! À l’hiver 2020-2021 quand j’ai lancé le projet, ce n’était pas encore évident quand est-ce qu’on pourrait se revoir la bette de proche à nouveau. Ce qui l’était pour moi par contre, c’est que j’avais vraiment envie de partager cette pratique de l’art en nature et à quel point ça me faisait du bien. J’ai commencé à faire des cours de dessin en direct sur Instagram tous les mardis soirs du confinement, en n’ayant aucune idée du dénouement. À mon grand bonheur et à ma grande surprise, il y a eu de l’intérêt. Les gens m’écrivaient pour avoir plus de trucs, ainsi que pour me partager les leurs et rapidement c’est devenu clair que ça faisait du bien à au moins quelques personnes de se changer les idées en dessinant.

Puis à l’été, c’est devenu plus concret. Il y a eu les ateliers dans les parcs montréalais, puis les fins de semaine au Parc régional du Poisson Blanc. À chaque fois le même constat : on arrive tou.tes avec l’appréhension qu’il y ait une bonne façon de faire les choses, tant du côté du plein air que du côté de l’art. Et on a tort! Parce qu’après un week-end à dessiner en groupe au gré des éléments, ce qu’on ramène c’est bien plus que la bonne technique pour faire un coup en “j” ou représenter la perspective atmosphérique; c’est tout ça, mais c’est aussi un moment passé en paix avec soi, à voir le beau autant dans les arbres que chez les autres et à se donner le droit d’essayer des affaires.

Peinture à l’eau

Quand j’ai lancé mon projet, c’était évident pour moi qu’il devait y avoir un week-end de canot-camping. C’est un moyen de transport magnifique (merci aux communautés autochtones) où le rythme de l’aviron est une sorte de méditation et où la réflexion du paysage le prolonge à l’infini… Hello l’inspiration!

Florence

C’était aussi évident que le Parc régional du Poisson Blanc serait l’endroit parfait pour faire ça. La beauté du territoire, l’aspect clé en main qui facilite grandement une première expérience, les différentes activités possibles… toutes ces choses qui font l’énorme popularité de la place.

En raison de cette dernière, j’avais trrrrès peu d’espoir de réussir à booker un week-end; et quand j’ai écrit à la DGA de l’époque, j’avais conscience de prendre une grosse chance. Mon projet était un embryon, je n’avais et n’ai toujours pas de site web, mon évaluation de mes chances de réussite était plutôt… nulle. Plot twist! Ils ont cru au projet et m’ont donné par la bande une tonne de crédibilité et de confiance dans le potentiel de Erre. Après deux ans à y faire des sorties, je me pince encore à chaque fois que j’y mets les pieds.

Tirer le portrait

Un week-end Erre au Poisson Blanc, ça ressemble à quoi? C’est un savant mélange de canot, barbos, rando, bouffe délicioso et un peu de vino!

Les participant.es sont accueilli.es et reçoivent un mini cours de canot pour apprendre à avancer drette dans ces derniers. Après le périple vers notre île, tout le monde participe à monter le campement, prend l’apéro aux abords de la rive et termine la journée avec un repas préparé avec AMOUR. La journée du samedi est la plus chargée du séjour, avec quatre ateliers d’art entrecoupés d’une randonnée (pour avoir accès à un des magnifiques points de vue) et d’un temps libre pour faire la sieste, plus de dessins, se baigner, name it. L’objectif pour moi, c’est d’arriver à trouver une bonne balance entre donner des ateliers qui sont instructifs et qui outillent réellement, mais aussi à laisser assez de temps libres pour que les participant.es puissent vivre les lieux comme iels le veulent. On se fait un micro vernissage le samedi soir avec un cocktail à la main et on étire la soirée sous les étoiles si on le peut! Le retour vers la grand’ ville s’effectue le dimanche, après un grand brunch.

Tout au long de la fin de semaine, les principes du Sans traces sont mis au cœur de toutes les activités et de la vie de campement, comme l’idée de la non-performance, de l’entraide et du FUN. C’est simple, je ne tords pas le bras de personne pour aucune activité et chaque individu apporte sa couleur au groupe, qui est délibérément gardé petit pour plus de vraies connexions.

L’amour est dans le cadre

Je ne sais pas trop comment finir ce billet, à part en exprimant ma gratitude. C’est tellement précieux pour moi de pouvoir entraîner d’autres gens dans ce contexte superbe, d’où l’on ressort avec les épaules un peu raquées, le carnet plein de dessins qui sentent la forêt, les oreilles qui résonnent encore des rires et du crépitement du feu et, je l’espère vraiment, un petit peu plus d’amour pour notre territoire.